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Les pigeons des villes sont physionomistes [1438 lectures] 
 
  23/10/2011 08:32 par ΩFrançois 
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Une étude vient de démontrer que ces oiseaux reconnaissent les personnes qui ont l'habitude de les nourrir ou qui les menacent. D’autres espèces semblent aussi avoir cette capacité.
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Comme tous les oiseaux, les pigeons ont une vue performante, ce qui leur permet de reconnaître aisément leurs bienfaiteurs. © Keystone/EPA/Darko Andonovski
Ils arpentent les places et les trottoirs, se perchent les toits. C’est à peine si on les voit tant ils font partie du paysage urbain. Mais eux nous observent! Ils nous dévisagent, envisagent nos intentions à leur égard. Car les pigeons domestiques sont physionomistes! Une aptitude qui leur permet de repérer de loin les personnes qui les nourrissent régulièrement.

C’est ce qui ressort d’une expérience menée par une équipe de l’Université Paris Ouest Nanterre et publiée dans la revue Animal Cognition. Chaque jour pendant un mois, deux chercheurs sont allés les nourrir dans une zone fermée au public du Jardin des Plantes. Le premier s’est montré bienveillant envers les pigeons; le second les chassait dès qu’ils se posaient. Après trente jours, les scientifiques ont revêtu de longs imperméables qui ne laissaient apparaître que leur tête; les pigeons se sont immédiatement regroupés autour de leur «ami».

Cette particularité serait l’un des facteurs qui expliquerait la prolifération de cet oiseau en ville – l’autre est qu’il se reproduit tout au long de l’année. Les pigeons réagissent aussi aux signaux sonores de celles et ceux qui leur donnent du pain, et savent ainsi interpréter un sifflement ou une fenêtre qui s’ouvre.

Commun chez les oiseaux en captivité

Cette capacité d’identification est communément reconnue chez les espèces d’oiseaux qui vivent en captivité et ne se laissent manipuler souvent que par leur maître. En milieu naturel, elle n’avait été prouvée qu’à une seule reprise. C’était en 2009, avec un moqueur polyglotte, petit passereau commun d’Amérique du Nord. Lors de cette expérience menée par des biologistes à l’Université de Floride, les oiseaux avaient été dérangés dans leur nid. Durant quatre jours, dix personnes ont touché vingt-quatre nids en présence des moqueurs adultes et de leurs oisillons, avant de rebrousser chemin. Le parcours emprunté pour arriver au nid était à chaque fois volontairement différent, tout comme les vêtements portés. Le premier jour, les oiseaux étaient sur la défensive; les jours suivants, leur comportement est devenu franchement agressif; ils ont même fait des vols piqués en direction des intrus le quatrième jour. Le cinquième jour, une onzième personne s’est approchée et les oiseaux ont repris leur posture défensive.

Tout au long de l’expérience, des centaines de personnes sont passées chaque jour à proximité des nids, et les moqueurs polyglottes identifiaient dans cette foule celles qui représentaient une menace. «Cette capacité aide certainement ces oiseaux à survivre en milieu urbain, soulignent les auteurs de cette étude. Il est toutefois peu probable qu’ils n’aient développé cette capacité de reconnaissance que pour les humains, qui les menacent rarement. Mais cela peut, par exemple, leur permettre de distinguer les chats agressifs de ceux qui sont trop bien nourris pour chasser.»

Aptitude en partie innée

L’ornithologue Lionel Maumary n’est pas surpris des résultats de ces deux études. «C’est presque une évidence que de dire que les oiseaux sont physionomistes, tant leur vision est performante! affirme-t-il d’emblée. A mon sens, ils analysent tous les signes visuels qui existent: traits du visage, démarche, taille… Il y a une partie innée, comme quand des poules élevées en batterie reconnaissent la forme d’un faucon sans jamais en avoir vu un auparavant, et une partie qui résulte de ce qu’ils apprennent dans leur environnement.» Ce spécialiste des oiseaux a remarqué cette aptitude à de nombreuses reprises sur le terrain: «Quand j’avais 6 ans, j’avais apprivoisé un rouge-gorge. A la sortie de l’école, il venait manger dans ma main, mais pas dans celle des autres. Il y a aussi ces chouettes hulottes que j’ai baguées au nichoir. A force, elles me reconnaissaient et m’attaquaient dès que j’approchais, ce qui n’était pas le cas avec les personnes qui se tenaient pour la première fois à proximité du nid. Ce type d’expérience tend à prouver que lorsque les oiseaux ont identifié qu’il ne s’agit pas d’un ennemi, ils se permettent d’être plus agressifs. Et lorsque j’ai étudié les cigognes, celles-ci étaient capables de reconnaître ma voiture parmi les autres à des kilomètres, et partaient quand j’arrivais!»

Moins peur des femmes

A force de côtoyer les oiseaux, Lionel Maumary a aussi constaté – même si cela n’a jamais été prouvé scientifiquement – que les oiseaux sauvages semblent avoir moins peur des femmes. «Un exemple parmi d’autres: j’étais allé observer une bécassine sourde avec mon amie. Quand on était tous les deux, elle ne bougeait pas, sûre de son camouflage. Dès que je me suis éloigné, laissant ma compagne seule avec elle, elle a commencé à s’activer, comme si elle se sentait moins en danger. Peut-être que les oiseaux savent d’instinct que ce sont les hommes qui chassent!»

Mots clés : physionomistes
 
 
 
 
 
 
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