ban  
  Accueil   Accueil  | forum   Forum  | Livre d'or   Livre d’or  | Contact   Contact  | Liens Web   Liens Web  
 
Menu general :
 
   
 
Forum :
 
 

 
 
Les GPS à plumes [1838 lectures] 
 
  29/08/2011 08:42 par ΩFrançois 
images/rubriques/calendrier.jpg
mini_11082908464384565.jpg
À certaines occasions spéciales, les gens font s'envoler des colombes, qui reviennent toujours à leur nichoir, peu importe les kilomètres qui les séparent, grâce à une panoplie de mécanismes d'orientation qui inclut des signaux olfactifs, acoustiques, visuels et magnétiques.
Photothèque Le Soleil


Jean-François
Le Soleil

(Québec) «À certaines occasions, les gens font s'envoler des colombes pour symboliser la paix, l'amour ou autre. D'où viennent ces colombes (j'ai entendu dire qu'il y a un nichoir à Sainte-Brigitte-de-Laval)? Comment font-elles pour retrouver leur chemin alors qu'on les libère à plusieurs kilomètres de leur nichoir? Comment peut-on entraîner ces oiseaux pour ce genre d'activités? Et combien coûte un lancement de colombes lors un événement?» demande Jean-Pierre Drolet, du Lac-Beauport.

Spécialiste des oiseaux ayant lui-même entraîné des pigeons voyageurs dans son adolescence, le biologiste de l'Université Laval Jacques Larochelle se surprend encore de leur extraordinaire talent pour retrouver leur chemin. «Généralement, les colombidés sont très, très forts pour retrouver leur nid. Ils ont toute une panoplie de mécanismes d'orientation qui inclut des signaux olfactifs, acoustiques, visuels et magnétiques. Alors, ils sont vraiment très bien équipés», dit-il.

La partie la plus célèbre de ce «bio-GPS», évidemment, est cette faculté qu'ont certains oiseaux - dont les pigeons et les colombes - de percevoir le champ magnétique terrestre, qui sert à s'orienter sur de longues distances. Dans leur cerveau, dit notre chercheur, les oiseaux ont des cellules qui réagissent à ce champ, un peu comme des aimants qui s'alignent dans la direction du magnétisme. À cette (étonnante) différence près, précise M. Larochelle, que contrairement à l'aiguille aimantée d'une boussole, qui indique le sens «horizontal» du champ, les oiseaux perçoivent son inclinaison verticale, laquelle varie selon la latitude parce que le champ magnétique de la Terre n'est pas une sphère. Ainsi, en comparant le sens des champs magnétique et gravitationnel, ces oiseaux savent à peu près à quelle latitude ils se trouvent.

Or, si cette «boussole neuronale» est la plus célèbre, les autres instruments dont disposent pigeons et colombes ne sont certainement pas moins «exotiques» - au contraire, ils laissent entrevoir un monde qui est totalement étranger aux animaux (très visuels) que sont les êtres humains.

«À distance intermédiaire, dit M. Larochelle, ce qui est extrêmement puissant chez les oiseaux, c'est la lecture des signaux olfactifs. Pour nous qui sommes équipés d'un odorat très rudimentaire, les vents ont tous la même odeur, qu'ils viennent du nord, du sud, de l'est ou de l'ouest. Mais pour les oiseaux, c'est complètement différent. Les vents ont une signature olfactive selon leur direction, et cela les aide à s'orienter.»

On peut ainsi imaginer que dans la région de Québec, un vent provenant de l'est portera des odeurs de mer, à cause de l'élargissement du fleuve et de son eau qui devient salée en aval de l'île d'Orléans. Peut-être aussi que le vent du nord, après être passé sur les forêts de résineux du parc des Laurentides, ne sent pas tout à fait la même chose que celui qui vient du sud, plus agricole et plus feuillu.

Mais quoi qu'il en soit, quand un pigeon «y va au pif», il sait ce qu'il fait...

Parmi les autres facultés qui pourraient presque faire passer les colombidés pour des extraterrestres figure leur capacité d'entendre des infrasons et de s'en servir pour savoir où ils vont. Alors que l'oreille humaine ne perçoit que les sons dans une fourchette de 20 hertz (Hz) à 20 000 Hz (du plus grave au plus aigu), «les oiseaux sont sensibles à des fréquences beaucoup plus basses, et la qualité du signal infrasonique (moins de 20 Hz) change avec l'orientation. C'est lié au relief. Si, par exemple, vous avez des montagnes au nord, apparemment leur présence va colorer les mouvements atmosphériques, ce qui va créer un certain nombre d'infrasons qui peuvent indiquer aux pigeons où est le nord».

Enfin, poursuit M. Larochelle, à moins de cinq kilomètres, les volatiles se fient davantage à des repères visuels, qui sont d'ailleurs souvent des constructions humaines comme les autoroutes. La position du Soleil et, la nuit, celle des étoiles peuvent aussi être mises à profit.

Cela dit, avertissent M. Larochelle et un éleveur de colombes de Saint-Augustin joint par Le Soleil, Aurélien Robert, le retour au bercail sur de grandes distances n'est pas une habileté innée chez les pigeons et les colombes : il faut les y exercer.

Essentiellement, l'entraînement consiste à prendre les volatiles et, dans un premier temps, à les relâcher non loin de leur volière - à 1 km, par exemple. Puis on recommence l'opération à 2 km, puis à 5, et ainsi de suite. Ce faisant, dit M. Larochelle, certains pigeons se perdront par manque d'endurance ou de sens de l'orientation - et, en ce sens, il s'agit autant d'un exercice un entraînement que d'une «sélection naturelle».

Mais ceux qui restent, avec un bon entraînement, peuvent retrouver leur nid sur des distances allant jusqu'à 800 à 1000 km, trajets qu'ils complètent d'ailleurs en des temps proprement ahurissants : «Sur une distance de 90 km, ça va leur prendre un peu plus d'une heure; et sur 500 km, il faut compter environ sept heures», dit le biologiste.

Les coûts peuvent varier en fonction du nombre d'oiseaux relâchés, de la distance et... du propriétaire. M. Robert, lui, dit ne rien charger du tout, alors que sur le site colombes.ca, les prix vont de 175 à 425 $ selon le nombre d'oiseaux (1 à 24).

En plus de l'entraînement (exigeant pour l'éleveur) et de la distance à parcourir, explique M. Robert, les oiseaux d'une volée ne reviennent pas tous au bercail, gracieuseté des faucons... Il y aurait, à sa connaissance, quatre ou cinq éleveurs dans la région de Québec, dont un à Sainte-Brigitte.


Mots clés : mariages
 
 
 
 
 
 
News précédente 
News suivante