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Index des articles > Articles de presse > Colombophilie Marocaine - La passion qui gagne du terrain

 
 
Colombophilie Marocaine - La passion qui gagne du terrain
 
 

Article posté par ΩFrançois.
Paru le lundi 1er mars 2010 à 08:51
Vu 3882 fois.
Note : etoiles4 (7 votes)

Colombophilie Marocaine - La passion qui gagne du terrain



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Le Maroc compte plus de 60 associations dédiées à la colombophilie, regroupant plusieurs milliers d'adeptes. Mais le vide institutionnel et législatif continue à peser sur la pratique de ce sport.

«Mes pigeons, je les considère comme mes petits. C'est l'air que je respire et leur amour me coule dans les veines». C'est en ces termes expressifs que Rachid El Metroufi, colombophile chevronné et secrétaire général de l'association Ribat Assalam pour les colombophiles décrit sa passion pour les pigeons voyageurs qu'il élève chez lui depuis déjà 26 ans.

Plus qu'un simple passe-temps, la colombophilie représente tout l'univers de cet homme quadragénaire, licencié de droit arabe et commerçant de son état. Même quand il est loin de ses pigeons, travail oblige, il n'oublie pas d'emporter avec lui des livres et des revues traitant de la colombophilie qu'il feuillette de temps à l'autre dans sa boutique en attendant l'arrivée des clients. Orfèvre en la matière, Rachid parle de sa manie avec la même aisance dont il parle de ses deux filles ou de son commerce. « La colombophile en tant qu'activité professionnelle est encore largement méconnue au Maroc. Peu de gens savent que c'est un sport à part entière, pratiqué à l'échelle mondiale selon des normes bien définies et auquel sont consacrés des championnats et des prix », fait-il savoir.

Si la colombophilie a vite pris son envol dans de nombreux pays du monde, notamment les pays occidentaux, sa pratique au Maroc est encore en voie de développement. C'est un sport qui reste pratiqué dans le cadre de l'amateurisme et pour cause, il n'existe jusqu'à présent aucune entité qui l'organise à l'instar des autres sports. En 1991, la première fédération de la colombophilie a vu le jour, mais n'a pas fait long feu. « Il va sans dire que la professionnalisation et la promotion de la colombophilie en tant que sport officiel reste tributaire de la création d'une telle fédération. Elle peut nous apporter un soutien financier et logistique appréciable, ne serait-ce que pour harmoniser les lois dans ce domaine, nous chercher des sponsors ou encore nous fournir les bagues nécessaires au marquage des pigeons », indique Rachid.

En attendant la création d'une fédération pour la colombophilie, l'auto-organisation reste le maître-mot. Ce sont des associations locales présentes dans toutes les régions du Maroc qui se chargent de l'organisation des courses des pigeons voyageurs, de janvier jusqu'à mai de chaque année. Ces courses mettent en compétition les colombophiles de nombreuses villes marocaines et débouchent sur la consécration des premiers champions à l'échelle nationale. La fixation du programme de ces compétitions est du ressort des associations de colombophilie qui ½uvrent de concert pour mener à bien ces grands rendez-vous sportifs. Notre pays compte actuellement plus de 60 associations de colombophilie actives dans la majorité des villes marocaines, dont 9 à Casablanca et 3 à Rabat, nous renseigne Rachid, l'un des membres fondateurs de Ribat Assalam, la première association de colombophiles de la capitale.

C'est dire que, plus que jamais, ce sport est entrain de prendre de l'ampleur, fort de ses milliers d'adeptes à travers le Royaume, constitués essentiellement de jeunes. Rachid se réjouit du fait qu'au Maroc, « la colombophilie est un sport juvénile par excellence. C'est un avantage considérable dans la mesure où, en Europe, ce sont généralement les retraités et les personnes âgées qui se tournent vers ce sport. Chez nous, les jeunes infusent du sang nouveau à la colombophilie ».

La documentation :
clé de succès
Par le passé, il fallait mettre de longues années d'expérience pour devenir un colombophile attitré, étant donné la rareté, la cherté et la complexité des ouvrages d'initiation à la colombophilie. Aujourd'hui, Internet a fait la révolution dans ce domaine. « Je serais même tenté de dire que les colombophiles d'aujourd'hui sont plus chanceux que leurs prédécesseurs, dans la mesure où une riche documentation est mise à leur disposition à travers la toile. A bout de clic, les plus profanes peuvent accéder à une pléthore d'informations concernant le sport de la colombophilie, depuis la procuration des meilleures souches jusqu'à la préparation et le déroulement des courses. De même, ils peuvent échanger leurs expériences et se prêter conseil sur des forums spécialisés. De notre temps, cela relevait de l'utopie : à part l'expérience personnelle, il n'y avait pas moyen de faire ses preuves dans ce sport », affirme Rachid.

De quoi dire qu'un colombophile averti et bien documenté en vaut plusieurs anciens colombophiles mal renseignés. C'est la bonne documentation qui fait la différence entre un colombophile et un autre et permet de brûler les étapes et d'avancer à pas sûrs vers la maîtrise de ce sport « qui n'est certainement pas aussi facile qu'on le croit », assure Rachid en parcourant avec intérêt une revue belge dédiée à la colombophilie. Dans le monde entier, les belges passent pour les pères spirituels de ce sport. La magnificence de l'école belge n'est plus à prouver. En matière de colombophilie, la Belgique a donné des champions de gros calibre qui ont inscrit leurs noms en lettres d'or dans l'histoire de ce sport. Avide de connaissances et persuadé qu'il a beaucoup à apprendre de cette grande école, Rachid garde un contact permanent avec un colombophile flamand chroniqueur d'un magazine spécialisé. A travers un forum international dédié à la colombophilie (une sorte de croisière de la diaspora des colombophiles du monde), il discute avec lui des nouveautés dans ce domaine et n'hésite pas à lui demander conseil pour parfaire ses connaissances et son savoir-faire en la matière. C'est qu'avec la colombophilie, on ne badine pas. Pas n'importe qui peut devenir colombophile et pas n'importe qui peut continuer à l'être, laisse entendre Rachid. Que ce soit pour la procuration, l'accouplement, l'alimentation, la motivation et la préparation aux courses, la colombophilie est un art qui s'apprend et s'entretient. «Surtout, il ne faut jamais croire avoir tout su sur la colombophilie», met en garde le colombophile de Rabat, et de préciser que « dans notre sport, la pédanterie est un péché capital. Il y a toujours du nouveau dans ce domaine, de nouvelles théories qui apparaissent, de nouvelles techniques d'accouplement et d'entraînement qui se substituent à d'autres… C'est, à vrai dire, un océan dont on ne peut jamais venir à bout. Pour s'y frayer un chemin, il faut se documenter, encore se documenter, toujours se documenter… C'est que notre sport n'est pas cartésien : il n'y a pas de recette unique servie à tout le monde pour pouvoir exceller dans la colombophilie. Chaque colombophile y va de ses propres connaissances et de son propre savoir-faire qu'il accumule au fil de ses expériences et de son contact quotidien avec ses pigeons. Et c'est bien entendu la course qui met à l'épreuve les compétences de chaque colombophile ainsi que l'intimité de la relation qu'il entretient avec ses pigeons ».

La course, mode
d'emploi :
La préparation à la course est un long processus qui commence dès l'achat du pigeon. Pour faire le bon choix, le colombophile se base sur un certain nombre de critères. La souche du volatile est la plus importante de tout. Généralement, c'est un catalogue vendu avec le pigeon qui informe sur sa souche. Mais il ne faut pas trop se fier à ce critère selon Rachid, puisqu'il arrive dans bon nombre de cas qu'un pigeon issu d'une race de champions affirmés ne soit pas aussi « performant » que ses parents. A côté de la souche, on se base souvent lors de l'achat du pigeon sur la forme de ses ailes, les couleurs de ses yeux et l'harmonie de ses organes. Mais la pertinence de ces critères demeure sujet de discorde entre différentes théories en la matière.

Une fois le choix arrêté, il faut penser à bien aménager le colombier qui va abriter les pigeons. Celui-ci doit être fait d'un matériel mauvais conducteur pour qu'il ne soit pas trop chaud ou trop froid au goût des pigeons. De même, il doit être aéré, ensoleillé et nettoyé régulièrement. La surpopulation dans un colombier est non recommandée. Celui de Rachid ne contient pas plus de 60 pigeons voyageurs au total. Pour lui, un bon colombier est celui qui abrite le moins de pigeons possible, chose qui permet de mieux cerner leurs besoins. L'entraînement, quant à lui, repose sur la main du maître. Deux éléments sont à développer chez un pigeon destiné à la course : la musculature et le sens d'orientation.

Une bonne musculature passe d'abord par une bonne alimentation. Celle-ci varie selon les distances dans lesquelles le pigeon est spécialisé. A titre d'exemple, les champions de longue distance (plus de 750 km) ont besoin d'une alimentation plus riche en protéines, en vitamines et en acides animés pour les aider à tenir le coup. Une bonne musculature implique aussi une bonne hygiène. Avant la procuration, il faut systématiquement vacciner les pigeons contre bon nombre de maladies bactériennes et virales (paramyxoviros, variole, chlamydiose… smiley sg3bgg29g.gif . Pour ce qui est du sens de l'orientation, il faut adopter une démarche progressive lors de l'entraînement du volatile. Il est recommandé de le familiariser au départ à des petites distances, le temps qu'il prenne le rythme. Ceci dit, beaucoup de facteurs influencent le sens d'orientation d'un pigeon, notamment le climat et la direction du vent. Quand le jour J arrive, les pigeons sont transportés dans des camions au lieu de départ de la course. Juste après le lâcher, chaque colombophile fait une déclaration auprès d'un centre d'appel spécialisé qui enregistre l'heure du départ et l'heure d'arrivée. L'attente du retour des pigeons peut prendre des heures ou des jours entiers, en fonction de la distance de la course. Elle peut durer aussi une éternité, étant donné que la plupart des pigeons voyageurs se fourvoient en route et ne retournent jamais, d'après l'affirmation de Rachid El Metroufi.

Premiers pas dans la colombophilie
Yassine Allaoui, jeune fonctionnaire de 22 ans, est un autre mordu des pigeons voyageurs. « La colombophilie est contagieuse », affirme Yassine souriant. Depuis sa tendre enfance, il a grandi dans un milieu colombophile par excellence.
C'est de ses parents et de ses voisins qui les laissait s'occuper de leurs pigeons qu'il a chopé la fibre de la colombophilie. Aujourd'hui, et malgré les contraintes du boulot, il trouve toujours du temps à consacrer à ses pigeons. Quand il va au travail, il les confie à son petit frère à qui il a transmis cette manie. De retour chez lui, il se précipite à la terrasse, impatient de retrouver ses chers pigeons. Il participe aux courses en tant qu'amateur, préférant attendre le moment propice pour entrer dans la cour des grands. « Mon colombier contient au total quelque 26 pigeons voyageurs. Je dois faire mieux pour pouvoir adhérer à une association de colombophilie. Mais tout progrès dans ce sport reste conditionné par la disponibilité des ressources financières pour l'entretien des pigeons et la couverture des frais conséquents des courses, entre autres le transport des volatiles », affirme-t-il.

Dur, dur d'être colombophile
Contrairement à plusieurs idées reçues, la colombophilie n'est pas un sport de tout repos. « Savez-vous que la colombophilie est l'un des sports les plus onéreux dans le monde ? », lance Rachid El Metroufi, le secrétaire général de l'association Riad Assalam pour la colombophilie. Qu'il s'agisse d'alimentation ou de soins, les frais de l'élevage des pigeons constituent un fardeau qui tombe de tout son poids sur les colombophiles, constitués essentiellement de jeunes étudiants. « Il arrive souvent qu'un colombophile néglige sa propre maladie pour pouvoir soigner celle de ses pigeons.
C'est que le coût des traitements des pigeons peut atteindre 1.000 dirhams voire plus », affirme Yassine Allaoui, jeune colombophile de Rabat.
A ce problème s'ajoutent d'autres se rapportant surtout aux prédateurs qui se nourrissent sur les pigeons aux chasseurs qui visent les pigeons voyageurs, causant ainsi d'irréparables dégâts à leurs propriétaires. Ce sont, en quelque sorte, la bête noire des colombophiles…
Le sport de la colombophilie est bien celui de tous les hasards. Un colombophile ne perd pas de vue les risques qu'il court en envoyant en air ses pigeons. « Lors d'une course précédente à Smara, de 1000 pigeons lâchés, seulement quelques dizaines sont retournés », fait savoir Rachid El Metroufi.

Mots clés : Colombophilie, Maroc