Nouveau prédateur

infos 15.12.17

Cet automne, les pièges photos disposés par la fédération des chasseurs de Haute-Savoie ont enregistré le passage d’un drôle d’animal. Doté d’un pelage ressemblant à celui du loup, mais plutôt de la taille d’un renard, ce canidé surpris de nuit présentait des caractéristiques contradictoires. Une silhouette élancée, un museau pointu… Pour en avoir le c½ur net, les chasseurs haut-savoyards ont envoyé les clichés à un mammalogiste (spécialiste des mammifères) de l’Université de Genève. Et la réponse a confirmé leur intuition. C’est bien un chacal doré (Canis aureus) qui avait été immortalisé en territoire français.
Présent dans les Balkans
La nouvelle était attendue, tant l’espèce, partie d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient, a élargi son aire de répartition vers l’Europe de l’Ouest ces dernières années. Mais c’est la première fois que la présence de l’espèce est confirmée en France. Encore peu connu, l’animal est bien présent en Europe du sud-est (Croatie, Hongrie, Roumanie…) et dans les Balkans, où il bénéficie de la raréfaction du loup. Ces dernières années, il a été observé en Autriche, en Allemagne puis, plus près de nous, en Italie et en Suisse. En 2015, un garde-chasse suisse a ainsi abattu un chacal doré après l’avoir confondu avec un renard.
Rien d’étonnant donc à ce que cet animal au look de coyote franchisse la frontière hexagonale. Son arrivée a par chance été captée à deux reprises par les pièges photographiques répartis un peu partout en Haute-Savoie par la fédération de chasse pour étudier les corridors biologiques et les grands prédateurs.
La France a son coyote
Désormais officiellement présent sur le territoire français, le chacal doré vient rejoindre la liste des grands prédateurs, au même rang que le loup, le renard, le lynx ou l’ours, seul absent en Haute-Savoie. Génétiquement plus proche du loup, le chacal à la taille d’un coyote mais se rapproche du renard au niveau comportement et nutrition : « Il mange de tout, baies, oiseaux, petits mammifères… et peut peser entre 10 et 15 kg, soit un peu plus que le renard, poursuit Guillaume Coursat, qui a dû se familiariser rapidement avec le nouveau venu. « Il s’adapte très bien aux habitats morcelés et à la présence de l’homme dont il n’hésite pas à profiter des restes de nourriture… »
« Cette présence pose plusieurs questions », note André Mugnier, président des chasseurs de Haute-Savoie et membre du comité national Loup. Celle du réchauffement climatique, qui explique sans doute pourquoi l’espèce colonise ainsi l’Europe de l’Ouest, et celle de la sécurité des troupeaux ovins et caprins qui pourraient pâtir de l’arrivée du chacal sur notre territoire, même si ça semble bien se passer ailleurs en Europe. Cette observation montre en tout cas tout l’intérêt du travail des chasseurs quant à la gestion et à la connaissance de la faune. » Pour l’heure, les chasseurs ne peuvent cependant être qu’observateurs, l’espèce n’ayant pas de statut officiel en France.
« Le chacal doré n’est pas protégé, mais il ne fait pas non plus partie des espèces nuisibles ou chassables. On ne peut donc pas tirer si on en croise un », analyse Guillaume Coursat. « Maintenant que sa présence est avérée, il va falloir que les autorités se penchent sur la question et lui trouvent un statut officiel », estime pour sa part André Mugnier, décidé à suivre l’impact de cette arrivée sur la faune haut-savoyarde.


Sujet écrit par BARNABY le vendredi 15 décembre 2017 à 07:51

[ Imprimer ] - [ Fermer la fenêtre ]