Quand les poissons mangent les pigeons !

Certains silures se sont adaptés à ces nouvelles proies qui constituent désormais l'essentiel de leurs repas.
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Les silures ont subi une mutation qui leur permet de sortir partiellement de l'eau pour attaquer leurs proies.


Les silures, des poissons carnassiers redoutables pouvant atteindre jusqu'à 2,5 m, mangent les pigeons qui viennent boire au bord du Tarn à Albi en sortant partiellement de l'eau, révèle une étude réalisée par des chercheurs de l'université Paul-Sabatier (UPS) de Toulouse. Il s'agit d'une "modification physiologique très nette" : la chasse a lieu de jour alors que le silure se nourrit en général la nuit, il s'attaque à un nouveau type de proies et il est capable de changer de milieu pour chasser, en allant sur terre, fait remarquer vendredi l'un des auteurs de l'étude, Frédéric Santoul (UPS-CNRS).

Selon cette étude publiée par la revue scientifique américaine PLoS One de la Public Library of Science, certains poissons se postent près d'un endroit où les pigeons viennent boire et se baigner. Dès qu'un oiseau s'ébroue à proximité, le silure bondit pour l'attraper, l'emmener dans l'eau, le gober et le digérer. L'opération, selon les chercheurs, peut prendre de une à quatre secondes. Généralement, le poisson ne sort que partiellement de l'eau, mais l'un d'eux s'est échoué avant de réussir à regagner la rivière en se contorsionnant, a noté Frédéric Santoul.
Même taux de réussite que le lion

Il semble que "des individus se spécialisent dans cette chasse", défendant leur territoire contre les autres silures, et peuvent arriver se nourrir "à 80 % de pigeons", selon le chercheur. Certains en mangent trois par jour. Par ailleurs, leur taux de réussite est de 28 %, soit le même que le lion chassant l'antilope ou le chat une souris. Le silure glane (silurus glanis), plus gros poisson d'eau douce d'Europe, se nourrit généralement de brèmes, de chevennes, de carpes, d'écrevisses... Mais il est opportuniste et peut également manger des rongeurs (rats, ragondins...) ou de jeunes palmipèdes.

Ressemblant à un poisson-chat, il possède de très petits yeux et chasse plutôt à l'aide de ses barbillons, qui ressemblent aux moustaches d'un chat et sentent les vibrations du milieu aquatique. Ainsi, un pigeon immobile n'est pas inquiété, même s'il se trouve à côté d'un silure. Le comportement de ce poisson pour chasser les pigeons rappelle celui des orques, qui bondissent également sur le rivage pour manger des phoques ou des lions de mer, a souligné le chercheur. Le silure, qui avait disparu de longue date des rivières françaises, a été réintroduit dans le Tarn en 1983, sans doute par des pêcheurs qui voulaient pratiquer la pêche au gros.



News écrite par François le samedi 8 décembre 2012 à 07:38

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