Capturé le matin même, un pigeon ramier a été équipé, mardi midi à Dimechaux, d'un casque et d'une balise Argos solaire afin de pouvoir suivre les grands axes de migration de cette espèce.
PAR JEAN-MICHEL VAILLANT - PHOTO "LA VOIX"
Classé en trois grandes populations, sédentaires, moyennes migratrices et grandes migratrices, le pigeon ramier a vu cette dernière catégorie, fortement sollicitée par la chasse, présenter des signes de déclin. Une diminution progressive des effectifs était observée à la fin des années 1980 mais s'agissait-il d'une tendance réelle ou bien d'une modification des comportements migratoires de l'oiseau ? Une situation d'autant plus paradoxale que les pigeons ramiers européens connaissaient une démographie globalement favorable.
Mis en place pour suivre, dans le temps et l'espace, l'évolution des oiseaux, le Groupe d'investigations sur la faune sauvage (GIFS) a entamé un programme de suivi, s'étalant jusque 2015 et soutenu financièrement par la Fédération nationale des chasseurs. En 2009, 8 oiseaux ont été équipés de balises Argos solaires et l'an dernier ce sont 10 oiseaux qui ont été équipés sur ces zones d'hivernage (Sud-Ouest, péninsule ibérique) et dans le département du Nord.
Dès potron minet, mardi à Solrinnes, les techniciens de la Fédération des chasseurs du Nord étaient sur place. Après quatre heures d'attente, trois pigeons attirés par les grains étaient pris dans les filets. Une méthode traditionnelle certes mais qui bénéficiait d'une longue préparation, les chasseurs ayant été invités à se tenir à l'écart depuis plusieurs semaines du terrain de capture et de ses environs.
À 13 heures, dans le garage de Grégory Binoît à Dimechaux, pouvait alors commencer l'équipement de "maroilles", pigeon ramier de 500 grammes. « Depuis le début de l'année, c'est le 9e oiseau qui est équipé » explique le référent local de la Fédération départementale des chasseurs du Nord. Son homologue pour les Flandres Damien Brebion ajoute : « En février 2011, nous avons équipé "chicon" et grâce à la localisation par satellite (CLS), nous avons la certitude qu'il était toujours, en fin d'année, dans le secteur de capture. » Venue spécialement du Sud-Ouest, Valérie Cohou installe, sur la palombe et avec d'infinies précautions, un dispositif onéreux (3 000 E) importé des Etats-Unis, un casque puis une balise Argos solaire. « L'axe de migration est Nord-Est - Sud-Ouest » explique la chargée de mission avant de donner des nouvelles d'autres palombes. « Grosso » a été localisé cet été en Pologne, il est arrivé fin octobre dans la Haute-Vienne. Quant à « Grandola » , il a débuté sa migration à la mi-octobre dans les Hautes-Pyrénées, en Navarre le 28, puis au Portugal le 2 novembre.
« Cela nous permet de mieux comprendre les mouvements des oiseaux » ajoutent les techniciens nordistes, tout heureux d'échanger leurs expériences.