Les pigeons de la discorde

LA NOUVELLE REPUBLIQUE mini_170623090107998979.jpg Il n’est pas question pour le colombophile Arnaud Duborper de démonter son pigeonnier comme le lui demande Véronique Ley, maire de Croutelle. Il y a moins d'un an, un lâcher de pigeons marquait l'inauguration du city-stade à Croutelle. C'était un jour de juillet ensoleillé, le ruban tricolore était coupé par le maire, Véronique Ley, pendant que l'un des trois enfants du couple Duborper libérait une trentaine de pigeons voyageurs qui s'envolaient pacifiquement sur fond de ciel bleu. Depuis lors, la belle image s'est ternie et le ciel de Croutelle s'est assombri entre le couple Duborper et la première magistrate de la commune. L'origine de la discorde ? Le pigeonnier construit par Arnaud Duborper, passionné de colombophilie, au fond du jardin de son pavillon situé rue de la Cornemuse. " Le rêve s'est transformé en cauchemar " Arnaud et Lydie Duborper sont arrivés d'Angers à Poitiers, il y a cinq ans, pour permettre la scolarisation en classe bilingue de leurs enfants puisque les cinq membres de la famille Duborper sont sourds. Depuis deux ans, ils occupent le pavillon qu'ils ont fait construire sur le terrain qu'ils ont acquis sur les hauts de Croutelle. Et pour s'adonner à la colombophilie sportive – passion transmise à Arnaud Duborper par son père et son grand-père (et également pratiquée par sa fille) – démarche est faite auprès de la mairie pour se renseigner sur les conditions d'implantation d'un abri pour leurs pigeons sur la partie arrière de leur terrain, située en zone non constructible en raison de la proximité de la voie d'accès au péage autoroutier. « La mairie y a alors répondu favorablement sans que l'on ait besoin de faire une déclaration préalable », explique dernièrement Lydie Duborper avant de faire état de la suite d'un dossier transformant « le rêve en cauchemar ». Le pigeonnier construit, une réclamation émane bientôt du voisinage. La mairie demande à la famille Duborper de régulariser l'implantation par une demande de « déclaration préalable »… a posteriori. L'avis négatif alors reçu n'est ni compris ni accepté par la famille, pas plus que les courriers de demande de démolition adressés par Véronique Ley. La famille Duborper ne comprend plus le mélange d'explication fourni en mairie (zone de non-constructibilité, nombre de pigeons, problèmes sanitaires…). Le climat est aujourd'hui tendu autour d'animaux généralement symboles de paix. Le dernier courrier en date de Madame le maire met en demeure le couple de démolir le pigeonnier avant ce 30 juin. La famille Duborper – appuyée par courriers recommandés au maire de la Fédération colombophile française ne se référant pas aux mêmes textes que ceux de la commune – demande un nouveau report jusqu'à fin septembre. Le but est de permettre de réaliser une rencontre commune entre Véronique Ley, la famille Duborper, le voisinage et la fédération en présence d'un interprète en LSF, médiateur qui fait réellement défaut à la bonne compréhension des parties dans le cadre de ce litige complexe. De son côté la famille Duborper a activé les réseaux sociaux où une pétition est largement relayée (plus de 10.000 signatures). " Il y a des règles pour tout le monde " Pour sa part, Véronique Ley persiste et demande « la démolition de l'abri illégal ». « Il y a des lois, les règles sont les mêmes pour tout le monde, poursuit-elle. M. Duborper sait qu'il y a une zone de non-construction au fond de son jardin. C'est un problème d'urbanisme avant-tout. Et les pigeons c'est autre chose… » La seule ouverture envisagée à mi-mots par Mme Ley serait à défaut de destruction « le déplacement du pigeonnier en zone constructible. »


Article écrit par François le vendredi 23 juin 2017 à 08:41

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