Rodolphe Jardin fait voyager ses pigeons

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Transmis par Luc :
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Rodolphe Jardin est colombophile. Depuis une vingtaine d'années, il élève, sélectionne, entraîne et fait concourir ses pigeons dans la France entière.

« De pigeons en pigeons, je suis tombé dans la colombophilie tout naturellement. » Avant lui, le grand-père et le père de Rodolphe Jardin avaient déjà cette passion pour le pigeon voyageur. « Pendant la guerre, mon grand-père en possédait, ce qui était strictement interdit. Il aurait pu être arrêté voire fusillé pour cela », raconte le formateur de la MFR.

En 1989, ses parents lui baguent une vingtaine de pigeons. En 1995, il prend sa première licence et depuis, il n'a jamais cessé de cajoler ses oiseaux. « Actuellement j'en ai 80 dont 20 reproducteurs. C'est la fourchette haute. » À quelques mètres de sa maison, le colombier n'est pas si impressionnant que cela. Une petite maison en bois munie de nombreuses fenêtres et de cages grillagées. À l'intérieur, les pigeons sont en liberté.

Plusieurs fois par jour, Rodolphe vient les nourrir, surveiller les fientes, vérifier qu'ils ne toussent pas. Car la saison des concours est lancée. Et le colombophile ne veut rien laisser au hasard.

« Je leur fais des infusions d'ortie ou de thym pour éviter les maladies. Et en fonction des courses, je fais mes mélanges de graines. Mais pas de dopage. Actuellement, je suis la méthode du veuvage avec une pigeonne. Je l'éloigne du mâle pour qu'elle n'ait pas de petit et qu'elle ne mue pas. Sinon, elle perdra des plumes et volera donc moins bien. »

Des courses de plus de 500 km

Car le sport colombophile nécessite une grande connaissance des pigeons. Rodolphe, licencié au Messager Saint-Lois, préfère les courses de demi-fond et fond. C'est-à-dire de 250 km à 500 km, pour le demi-fond, et plus de 500 km pour le fond. « Le principe est simple, explique le colombophile. Les pigeons sont lâchés à un endroit et le vainqueur est celui qui revient chez lui le plus rapidement. Le pigeon est le seul animal qui, lâché n'importe où, revient toujours. Parfois blessé. Il y a quelques jours, ma meilleure pigeonne est revenue avec une patte en moins. Sans doute victime d'orage, de rapaces et des fils électriques. » D'où leur vient leur orientation ? Plusieurs hypothèses sont avancées : l'odorat, la vue, le soleil, une boussole dans les yeux... « Ce qui est sûr, c'est que le pigeon ne vole pas en ligne droite. C'est un animal encore très secret. »

Ses pigeons sont bagués à chaque patte : une bague matricule et une autre comportant l'adresse et le numéro de téléphone du propriétaire. Pour être colombophile, même si on ne possède qu'un pigeon, il faut appartenir à une association. Quand le pigeon concourt, une bague en caoutchouc vient s'ajouter. Elle comporte deux numéros. Avant la course, chaque pigeon est enlogé (enfermé dans un panier pour aller au concours). Et tous les pigeons sont lâchés en même temps. « Quand je les attends, je vois un point noir au loin puis ils piquent sur le colombier. C'est magnifique ! »

L'objectif de l'association est de concourir aux niveaux internationaux, jusqu'à Barcelone. Dans la Manche, 40 colombophiles sont répartis dans quatre associations. « C'est peu. Quand on va dans le Nord, il y a dix fois plus de clubs et de colombophiles. » Cette passion un peu chronophage et particulière surprend souvent ses amis. « Ils trouvent ça vraiment bizarre. C'est un sport méconnu chez nous. » L'an passé, une de ses pigeonnes a pris la 1re place sur 3 500 pigeons partis de Bergerac. Rodolphe Jardin espère faire aussi bien cette saison. Ses pigeons partiront bientôt pour Le Mans, Niort, Poitiers et Bayonne. « Je joue modestement. J'apprends, je teste, j'améliore. Et c'est tout ce qui me va. »

Pour assister à une rentrée de concours, à un enlogement ou à un lâcher spectaculaire (1 000 pigeons), contacter les clubs manchois ou composer le 06 24 24 26 36.


Article écrit par François le mardi 6 mai 2014 à 22:11

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