Les pigeons aussi ont leur Tour de France

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Les pigeons aussi ont leur Tour de France

mardi 28.06.2011, 05:21 - PAR ÉRIC HOLZAPFEL
Les pigeons aussi ont leur Tour de France. PHOTOS PATRICK JAMES Les pigeons aussi ont leur Tour de France. PHOTOS PATRICK JAMES
| LOISIRS |

Le premier Tour de France colombophile est parti hier de Lille, à tire d'ailes. Le but ? Faire connaître un loisir jubilatoire et sympa, avant qu'il ne se meure.

« C'est pour la propagande »... Voilà ce que répondent les coulonneux (les colombophiles ch'tis) quand on leur demande le pourquoi du comment de ce premier « Tour de France colombophile ». Un langage tout militaire, à l'image de cette discipline vieille comme la guerre, pour désigner une opération de séduction à l'intention du grand public. Car le public, c'est dramatique, boude un loisir qui gagne à être connu.

Le Nord - Pas-de-Calais, première région colombophile de France, recense 7 600 adhérents à la Fédération colombophile française (FCF). Sur 14 500, c'est beaucoup, soit. Mais c'est bien peu au regard de ce que ce fut. Quand au début du XXe siècle les ouvriers belges ont importé ce loisir très prisé chez eux, ils ont transmis le virus aux travailleurs des mines et du textile. Chacun alors « jouait à pigeon ». Mais au fil du temps, de moins en moins. Notre région comptait encore 23 000 coulonneux en 1979, et 10 500 il y a dix ans... L'hémorragie.
L'hostilité du voisinage

« Quand on dit pigeon, aujourd'hui, on pense monuments, fientes, salissures », regrette Jean-Jacques Dupuis, président de la fédération régionale. Il est temps de restaurer son image, de remonter la pente. L'âge moyen du coulonneux, « c'est 50 ans », au bas mot. La construction d'un colombier se heurte de plus en plus souvent « aux difficultés d'obtenir des permis de construire », voire à l'hostilité du voisinage.

Pourtant, le pigeon c'est chouette. Jacky Morel a eu l'honneur hier matin de lâcher cinq des siens en prélude à ce Tour de France en relais. Le premier est arrivé dans son pigeonnier, près de Reims, à 16 h 05, après 6 heures d'un voyage laborieux (on l'attendait vers 13 heures) sous un soleil brûlant. Il a eu, comme chaque fois, l'émotion unique de le voir « casser » son vol pour regagner ses pénates. « Le but, ce n'est pas de gagner de l'argent, c'est de se faire plaisir », dit-il. Car plaisir il y a. Celui de l'éleveur, les soins, l'entraînement, celui du compétiteur, chaque week-end. Et argent il y a. Parfois.

Les petits concours sont peu dotés. On peut y gagner une coupe et, si on a parié sur son champion, quatre fois sa mise. Mais il y a aussi la mythique course de Barcelone, le Graal des coulonneux, qui voit s'affronter chaque premier week-end de juillet quelque 25 000 pigeons sur 1 100 km. Et là, quand on a un champion, bingo ! Il y a une paire d'années, le crack calaisien Super Ben, plusieurs fois classé, a été racheté à prix record par un éleveur japonais. On parle de 200 000 euros.

Le Tour de France colombophile a également vocation à entrer au Guinness Book des records. Les organisateurs comptent enregistrer le premier chronomètre... pour le battre chaque année. Et pour faire parler d'eux, ils souhaitent ensuite mettre en place un partenariat avec le Tour de France (cycliste), avec des étapes communes. Et sans produits illicites, s'il vous plaît ! Là comme ici, les vainqueurs sont contrôlés à l'arrivée. Et le dopé avéré n'a plus qu'à ranger son cycle ou ses ailes, c'est selon.


Article écrit par François le mardi 28 juin 2011 à 09:05

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