La moitié des 14 500 colombophiles français vivent dans le Nord-Pas-de-Calais. Basée à Lille, la fédération française est présidée par José de Souza, qui raconte cette tradition des pigeons voyageurs, devenue aujourd'hui compétition.
Le Nord-Pas-de-Calais est-il toujours la région des « coulonneux » (colombophiles) ?
>> Sur les 14 500 colombophiles inscrits en France, 7 500 vivent dans la région. La proximité avec la Belgique peut expliquer cette densité (lire ci-dessous) mais il y a aussi une tradition française : le premier club de France a été créé en 1849 à Roubaix. Pour des raisons climatiques, les Belges organisent la plupart de leurs concours au départ de la France.
Comment se déroule une course ?
>> Nous regroupons nos pigeons dans des camions, puis ils sont acheminés jusqu'à un lieu de lâché, plus ou moins loin de leurs colombiers selon le type d'épreuve : vitesse (parcours de 50 à 250 km), demi-fond (250 à 500 km) ou fond (500 à 1 000 km). Chaque colombophile a la distance de sa maison enregistrée sur GPS, et une boîte-constateur enregistre quand les pigeons arrivent. Depuis une quinzaine d'années, il existe des systèmes de bagues électroniques.
Et si les pigeons ne rentrent pas ?
>> Cela peut arriver, mais lorsqu'ils sont bien entraînés, voler sur 600 km, c'est un jeu d'enfant !
Quel est l'intérêt d'élever des pigeons ?
>> On vit avec eux, parfois on leur donne des noms. On les a élevés, on les « fabrique » et quand ils ont des petits bobos, on les soigne. C'est magnifique, c'est un art de vivre : il faut être capable d'attendre huit mois la période de compétition, entre avril et août.
Les colombophiles élèvent-ils tous leurs pigeons chez eux ?
>> Oui, en général. Mais des colombiers collectifs commencent à se développer, dans l'Aisne par exemple. Il n'y en a pas dans la région.
Est-il facile de débuter dans la colombophilie ?
>> Les nouveaux sont les bienvenus. Pour commencer il suffit d'avoir un abri de jardin. La première année, le club local de son secteur peut offrir un pigeon au débutant, pour qu'il puisse goûter à ça. Et puis, il apprendra à voler de ses propres ailes...
Cette activité ne consomme-t-elle pas trop de temps et d'argent ?
>> J'ai l'habitude de dire que c'est une passion qui prend le peu de temps que l'on voudra bien lui consacrer. Vous pourrez commencer la colombophilie avec 20 pigeons, et participer à beaucoup de courses, même si vous n'avez que peu de moyens. La licence nationale coûte 25 E, et nourrir 25 pigeons pendant un mois coûte 15 E.
Le nombre de pigeons dépend de la saison : chez moi à Wervicq-Sud, je peux avoir jusqu'à 200 pigeons, mais avant la fin de la période d'élevage, j'en ai 150. On les élève en début d'année, pour que les jeunes pigeons puissent courir dès avril.
Comment se débrouillent les Nordistes dans les compétitions ?
>> Dans les épreuves internationales, on prend 25 pigeons pour représenter chaque pays. Le champion du Nord-Pas-de-Calais Jean-Marie Vandersippe fait partie des sélectionnés pour préparer cette équipe de France.w
CHARLES MONTMASSON