Berceau des pigeons voyageurs, la Belgique est réputée pour l'élevage de pigeons de compétition. Une pratique ancienne, qui a connu sa grande époque dans les années 1950.
Aujourd'hui moins d'argent est en jeu, mais l'esprit est intact.
« La colombophilie était synonyme d'évasion pour des ouvriers et des mineurs qui travaillaient toute la journée », explique Patrick Marsille, secrétaire de la fédération belge de colombophilie : « Ils rentraient chez eux et pouvaient s'envoler avec les pigeons voyageurs ». Ce coulonneux belge évoque également « l'aspect militaire, l'aspect postal » de ce qui est aujourd'hui devenu discipline sportive.
Prestigieux hier, le pigeon voyageur a perdu beaucoup de ses adeptes : 200 000 dans les années 1950, les colombophiles belges ne sont plus que 30 000 aujourd'hui. Soit tout de même deux fois plus que pour l'ensemble de la France.
« Les Belges ont élevé des pigeons voyageurs depuis toujours, mais la colombophilie souffre de la multiplication des hobbies », explique Patrick Marsille, qui évoque « le football, le handball, le karting » comme des concurrents à cette activité autrefois florissante.
Une maison à gagner « Par le passé, un simple ouvrier pouvait gagner une maison en remportant une compétition, l'équivalent d'une vie de travail en un concours », explique ce passionné, lui-même à la tête de 300 pigeons dans le Hainaut, en région wallone.
« Autrefois, il y avait différents types de pigeons : les Liégeois, les Anversois... avec des qualités de vitesse, d'endurance, différentes » , se rappelle le passionné. Aujourd'hui les éleveurs mélangent les différents types de pigeons afin de donner naissance à des champions. Les éleveurs français vont communément en Belgique acheter leurs pigeons, chez des éleveurs renommés.
À l'évidence, la colombophilie a perdu en popularité, en Belgique comme en France.
Mais Patrick Marsille se félicite de l'état d'esprit qu'il constate entre les colombophiles.
Français ou Belges, « nous sommes tous frères » estime-t-il, rappelant que même entre Flamands et Wallons, la colombophilie se distingue par sa convivialité : « C'est une des dernières fédérations sportives nationales en Belgique », pays où le conflit linguistique n'a pas non plus épargné les loisirs.w
C.M.