La colombophilie bat de l'aile mais refuse de rendre les armes

samedi 30.01.2010, 05:06 - La Voix du Nord
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Claude, 74ans, 150pigeons. Maryn, 8ans et demi, 12 pigeons. Des différences, une même passion.
Ils ont fait partie de notre horizon pendant des années. Enfant, il suffisait de lever le nez pour voir tournoyer ensemble des dizaines de pigeons. On s'émerveillait autant que le coulonneux qui les surveillait d'en bas. Aujourd'hui, les vols de pigeons se font de plus en plus rares et laissent les cieux orphelins. À Maubeuge, la société colombophile La France a créé un musée dédié à cette discipline. Rencontre.

PAR CÉCILE LEGRAND-STEELAND

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Ce n'est pour l'instant qu'une large vitrine. Un embryon de musée en quelque sorte. Mais Claude Moreau le promet : « Quand on aura plus de choses, on en mettra une autre sur le mur en face. » Claude Moreau, figure de la colombophilie maubeugeoise, 74 ans, dont plus de trente-six à faire voler ses pigeons voyageurs et vingt-huit en tant que président de la société La France. L'idée du musée, c'est lui. « Pour conserver l'esprit de la colombophilie le plus longtemps possible. » Sur les étagères, plutôt bien remplies, des objets dont le néophyte serait sérieusement en peine de préciser l'usage. Le président d'honneur coiffe sa casquette de guide : « Ça c'est un panier d'exposition en osier qui date de 1900. Là, un trophée fabriqué dans un obus de la guerre 14.

» Et ces drôles de boîtes ? « Des constateurs. Quand les pigeons reviennent au colombier, on prend la bague à leur patte et on la met dedans. Ça note l'heure précise à laquelle chaque pigeon est revenu. » Derrière Claude Moreau, une jolie petite blondinette en polaire rose pointe le bout du nez. Maryn a huit ans et demi. Les pigeons, le colombier, les concours, elle baigne dedans depuis sa plus tendre enfance. L'univers de son père est devenu sien depuis septembre dernier. « J'ai douze pigeons », annonce fièrement Maryn. « Je vais participer à mon premier concours cette année, en avril. » La jeune fille sera en réalité représentée par son père. « C'est rare d'avoir des enfants dans les clubs colombophiles. Surtout des filles », précise Claude Moreau. Ce n'est un secret pour personne : la colombophilie n'attire plus les jeunes. Du temps de sa gloire, La France comptait plus de cent vingt membres. « C'est l'une des plus anciennes sociétés, elle a été créée en 1895 ! » Ils ne sont plus aujourd'hui que quarante-huit coulonneux. Curieusement, les clubs toujours en activité doivent leur survie à ceux qui disparaissent : « Les gens se regroupent.

» Et pourtant, La France rêverait d'accueillir des jeunes. « On peut les aider, leur donner des pigeons pour commencer. » C'est vrai, il faut du temps, « de la patience et surtout du courage » pour élever les pigeons voyageurs. Mais quelle fierté de les voir revenir lors des concours ! « Quand les pigeons sont lâchés, on se dit, "ils doivent être au-dessus de telle ville". Et on les attend à côté du pigeonnier. On ne fait que penser à eux. C'est comme si on volait avec. » •

Musée de la colombophilie : local de la société La France, dans la cour de l'école Georges-Brassens, place René-Hamoir à Maubeuge. Ouvert tous les samedis du 15 avril au 15 septembre, de 16 heures à 20 heures. Entrée gratuite.

Le musée est à la recherche d'objets en relation avec la colombophilie. Vous en avez peut-être dans vos caves ou vos greniers ? Tél : 03 27 64 87 09.


Article écrit par François le samedi 30 janvier 2010 à 10:36

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