Le sergent Beck (en compagnie d'un civil de la défense), veillesur le dernier pigeonnier militaire, au mont Valérien, près de Paris.
GRAVELINES |
Le congrès national de colombophilie, qui s'est déroulé à Gravelines ce week-end,
a été l'occasion d'une rencontre avec le sergent Beck, responsable du Colombier militaire national, rattaché au 8e Régiment de transmission.
Depuis quand l'armée utilise-t-elle les pigeons ?
« L'utilisation du pigeon en tant que messager remonte à plus de trois mille ans avant Jésus-Christ. En 732, un pigeon annonce la victoire de Charles Martel sur les Sarrasins à Poitiers. En 1915, c'est un pigeon voyageur privé qui informe un des fils du banquier Rothschild, bien avant le gouvernement anglais, de la défaite de Napoléon à Waterloo : il spécule alors sans risque et réalise des plus-values considérables. Au début des deux conflits mondiaux, les Allemands s'empressent d'interdire la possession de pigeons voyageurs dans les territoires occupés. Pendant la guerre 14-18, plus de 30 000 pigeons sont utilisés par l'armée française. En 39-45, 16 500 pigeons ont été parachutés en France pour permettre aux patriotes français de renseigner Londres. » Que représente ce colombier militaire ?
« C'est à la fin des années 60 que disparaissent les colombiers militaires. Un groupe d'officiers, sous l'impulsion de lieutenant-colonel Revon, interpelle le général De-Gaulle et obtient le maintien d'un colombier de tradition à Saint-Germain-en-Laye. En juillet 1981, il est transféré au mont Valérien, près du Musée de la colombophilie. Il est le garant de la tradition militaire colombophile. Nos 130 pigeons participent à de nombreuses compétitions nationales et internationales, et aux manifestations militaires. » Certains pigeons ont été décorés ?
« Oui, beaucoup de pigeons ont reçu les plus hautes distinctions militaires. L'un des plus célèbres, "Le Vaillant" a obtenu une citation à l'ordre de la nation. Alors que le Fort de Vaux (Verdun) était soumis à une terrible offensive des Allemands, qui tirent chaque jour plus de 8 000 obus, le 6 juin 1916, il transportait l'ultime et pathétique message du commandant Reynal. "Nous tenons toujours mais sous subissons une attaque par les gaz et les fumées. Il y a urgence à nous dégager, faites nous donner de suite communication optique... C'est notre dernier pigeon".
Telles ont été les dernières informations transmises par le commandant Reynal. Quant au "Vaillant", fortement intoxiqué, il est arrivé mourant au colombier.
» Aujourd'hui, près du colombier militaire national, le musĂ©e prĂ©sente l'histoire de la colombophilie depuis l'antiquitĂ© Ă nos jours, en accordant une large place aux activitĂ©s militaires des pigeons voyageurs au cours des derniers conflits ainsi qu'au sport colombophile. •
Le mont Valérien se trouve à Suresnes, le long de la Seine, dans la banlieue sud-ouest de Paris. Visite gratuite.