Un dinosaure trÚs papa-poule

dinosaure.jpgOviraptor. Ce dinosaure, comme tous les oviraptorosauriens, possĂ©dait des plumes et Ă©tait vraisemblablement omnivore. Plusieurs auteurs affirment qu’ils Ă©taient plus proches des oiseaux que l’archĂ©optĂ©ryx, mais ils ont tous disparu Ă  la fin du CrĂ©tacĂ©. CrĂ©dit : LeCire (Commons)
Par Jean Etienne, Futura-Sciences

Iconographie et cinĂ©ma nous ont habituĂ©s Ă  des dinosaures effrayants et agressifs. MĂŞme lorsqu'il s'agit de les doux herbivores, allez savoir pourquoi… La rĂ©alitĂ© pourrait ĂŞtre tout autre, avec une certaine propension Ă  protĂ©ger les petits au nid, comme la plupart des oiseaux de notre Ă©poque.

En 1993 dĂ©jĂ , un fossile dinosaure de l’espèce Oviraptor, qui vivait vers la fin du CrĂ©tacĂ©, avait Ă©tĂ© retrouvĂ© dans le dĂ©sert de Gobi. Sa position ne prĂŞtait Ă  aucune Ă©quivoque : il protĂ©geait bien une couvĂ©e d’½ufs. Ce qui, soit dit en passant, rĂ©tablit une certaine justice puisque le nom de cet animal, qui signifie textuellement voleur d’½ufs provient de ce que les palĂ©ontologues, en ayant dĂ©couvert plusieurs spĂ©cimens Ă  proximitĂ© d'½ufs, pensaient qu’ils les avaient volĂ©s pour s’en nourrir…
Une hypothèse à vérifier

David Varricchio, palĂ©ontologue Ă  l’universitĂ© du Montana, a comparĂ© dans le dĂ©tail trois espèces de dinosaures, Oviraptor, Citipati et Troodon, avec les oiseaux et crocodiles modernes, et publiĂ© ses conclusions dans la revue Science. Chacune d’entre elles comprend des reprĂ©sentants dont les fossiles ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s sur des nids garnis d’½ufs en grande quantitĂ©, parfois une trentaine. Varricchio et ses collègues se sont demandĂ©s s’ils pourraient Ă©tablir une relation entre la taille de l’animal, donc son sexe, et l’importance de la couvĂ©e.

Une Ă©tude statistique portant sur 433 espèces d’oiseaux et de crocodiles vivants (Avian Paternal Care Had Dinosaur Origin) a dĂ©terminĂ© que pour une masse corporelle donnĂ©e, les espèces pour lesquelles les mâles ont le mieux pris soin du nid avaient eu la plus grande couvĂ©e. Celles oĂą la mère joue un rĂ´le prĂ©pondĂ©rant viennent ensuite, tandis que les progĂ©nitures gâtĂ©es Ă  la fois par papa et maman forment les couvĂ©es les moins nombreuses par nid.

Le biologiste Gregory Erickson, de l’UniversitĂ© de Floride, ajoute un nouvel argument Ă  la thĂ©orie en dĂ©montrant que parmi les sept fossiles dĂ©couverts Ă  ce jour sur un nid, aucun ne prĂ©sentait de signes de changement habituellement liĂ©s Ă  la ponte, tels que des modifications de tissu mĂ©dullaire. Il ne s’agit pas lĂ  de la preuve absolue que seuls les mâles couvaient, mais d’un indice en faveur de cette hypothèse.

Richard Prum, ornithologiste Ă  l’UniversitĂ© Yale, affirme pour sa part qu’il n’avait jamais, auparavant, soulevĂ© pareille hypothèse. Mais il reconnaĂ®t que le nombre croissant de dĂ©couvertes de traits de caractère communs entre dinosaures et oiseaux, tels des plumes, rend cette conclusion raisonnable. Et de soulever une autre question : les dinosaures Ă©taient-ils polygames ?


Article écrit par François le mardi 23 décembre 2008 à 18:03

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