ORIENTATION. Guidage à la lumiÚre

Des expériences sur la drosophile indiquent que la faculté de certains animaux à s’orienter en fonction du champ magnétique terrestre dépend d’un récepteur situé dans l’œil.
20060810.OBS5571.jpg
Comment font les pigeons pour retrouver leur chemin ?
Saumons, baleines, oiseaux …tous ces animaux fascinent les humains par leur capacité à parcourir une longue distance sans perdre leur chemin. Années après années, certaines tortues retournent ainsi sur leur lieu de ponte et certains oiseaux migrateurs sont capables de parcourir 15 000 kilomètres pour s’accoupler. De tout temps, l’homme a été intrigué par ce « sixième sens » et a essayé de l’utiliser comme les égyptiens, les perses, ou les chinois qui se servaient de pigeons voyageurs comme messagers.

Comment ces animaux trouvent-ils leur chemin ? C’est encore un mystère mais de nombreux travaux prouvent que cette aptitude dépend en partie de la faculté que possèdent ces « grand voyageurs » à percevoir le champ magnétique terrestre. Engendré par les mouvements du noyau métallique terrestre c’est lui qui fait tourner l’aiguille de nos boussoles. Deux grandes théories tentent d’expliquer comment les animaux détectent ces forces.

La première se fonde sur la présence de cristaux de minéraux magnétiques (de la magnétite) dans le corps de plusieurs espèces migratrices : dans l’œil du pigeon voyageur, dans la boite crânienne de la baleine à bosse, du saumon ainsi que chez certains insectes et même à l’intérieur de bactéries. Or la magnétite c’est également la substance qui compose les aiguilles de certaines boussoles. Du coup, de nombreux chercheurs expliquent la sensibilité magnétique des animaux par cette présence de magnétite.

Cependant cette explication ne satisfait pas l’ensemble des scientifiques. Plusieurs d’entre eux remarquent que notamment chez les oiseaux migrateurs ce sens utilise un système dépendant de la lumière. En effet, des travaux antérieurs ont montré qu’ils doivent être en mesure de répondre à la lumière bleue pour détecter les champs magnétiques. Un argument en faveur de l’existence dans l’œil de photorécepteurs qui permettent de « voir » les champs magnétiques.

Pour étayer cette seconde hypothèse, une équipe de chercheurs de l\'Université du Massachusetts s’est intéressée au cryptochrome, une protéine réceptrice de la lumière bleue. Elle est présente dans les plantes et les animaux comme chez la drosophile sous le nom de récepteur Cry. Les chercheurs ont mis au point des spécimens génétiquement sélectionnés pour ne pas exprimer les récepteurs Cry. Placées dans une sorte de labyrinthe en T, possédant un champ magnétique d’un côté et neutre de l’autre, les mouches possédant Cry se dirigent préférentiellement vers la zone contenant le champ magnétique, à condition qu’elles soient éclairées. A l’inverse, les mouches dénuées de cryptochrome n’ont pas montré de préférences pour l’un ou l’autre côté du T.

Ces résultats publiés dans Nature, constituent la première preuve expérimentale qu’un système oculaire joue un rôle important dans la détection des champs magnétiques. Les chercheurs supposent que la lumière bleue excite les électrons au niveau des récepteurs à cryptochrome ce qui les rend ainsi sensibles aux variations du champ magnétique.


J.I.
Sciences et Avenir.com
23/07/2008


Article écrit par François le mercredi 23 juillet 2008 à 22:32

[ Imprimer ] - [ Fermer la fenêtre ]